L’âge de trois ans est une grande charnière psychique.
A cet âge, l’enfant est aux premières loges du théâtre de ses comportements face à toutes les séparations.
A cet âge et ce jusqu’à six, sept ans, il sent, sait mais ne peut filtrer l’affect qui est dépendant du cerveau émotionnel et pulsionnel. Il sera une véritable «éponge» et va amalgamer ses propres sentiments avec les réactions et émotions des adultes qui l’élèvent. On sait que, passé la première réaction face à l’enfant, les émotions éducatives parentales sont souvent dictées par leurs propres souvenirs d’enfance.
Plus nous le verrons se réfugier dans la succion, plus il montrera son impuissance à la différenciation et à la compréhension de tous ces mélanges affectifs auxquels il doit faire face pour grandir.
A trois ans, l’enfant est entré dans l’imaginaire. Il invente et théâtralise les situations avec poupées, nounours, voitures.
En cas de conflit avec ses parents, il saura transposer ces constructions imaginaires où il domine ses objets, en de véritables scénarios dans lesquels il va tenter de pousser l’adulte et lui-même dans une zone à risque.
L’enfant va ainsi réveiller de grandes mémoires chez les adultes, il saura éveiller la culpabilité et la peur de mal faire.
Cette zone pour le parent, est celle de ses propres conflits et traces enfantines d’hier, mémoires de ses séparations d’enfances, additionnées de ses doutes d’aujourd’hui de parent et d’adulte.
Pour l’enfant, elle est celle de se perdre dans le chantage psychique avec l’adulte et de s’y insécuriser. (cf : Françoise Dolto)
Il va construire chaque jour son équilibre entre les apprentissages d’amour et les frustrations, le tout tranquillement revisité dans les rêves entre 1h et 4 h du matin,
mais il va aussi observer toute faiblesse de l’adulte à l’éducation à la frustration et avec une grande force psychique, il va entrainer les parents dans le chantage et l’opposition.
Les outils qu’utilise l’enfant pour attirer l’attention sont nombreux. Les principaux seront à nouveau la nourriture et la dépendance et exigence de succion. (biberon )
A cet âge il est important de guider, d’accompagner l’enfant à l’arrêt de ce lien d’oralité, si aucune raison psychoaffective de le conserver n’est présente.
Le stade de la propreté ne peut réellement se mettre en place avant l’arrêt de la succion et de la dépendance à la maman et à la sécurité qu’elle représente.
Après 3 ans l’objet Sucette :
- Ne doit plus être cet objet médiateur
- Ne doit plus être cet objet fétiche presque autistique
- Ne doit plus être cet objet inanimé non facilitateur de la communication et des projets
- Ne peut plus être ce filtre entre lui-même et sa conscience du monde
- Ne doit plus empêcher le développement du langage, voire de la nutrition
- Ne doit plus être cet objet auto-sensoriel, vécu comme parfait alors qu’il est sclérosant
L’enfant dépendant encore à cet âge de la sucette, devient un état de chose et non un état d’être.
Si toute cette organisation psychique ne s’est pas faite, l’enfant n’apprendra pas l’estime de SOI.
IL RESTERA DANS L’ORGANISATION PSYCHIQUE LA PLUS PRIMITIVE.
La survivance de la succion non nutritive à cet âge montre une pulsion d’emprise égale à la sexualité. Elle empêche la sexuation de l’enfant (le bébé par nature est asexué). Elle limite les possibilités de production imaginaire co-stimulées AVEC l’autre, et la sensorialité, voire sensualité, qui en découle et qui forge sa sexualité.
L’enfant va alors continuer à grandir indifférencié de son objet de succion et ne construira ni narcissisme, ni personnalité, ni identification propre.