Entre deux et trois ans :
L’enfant observe sa maman jusqu’alors toute puissante et il se confronte aux premières frustrations dictées par sa mère.
Il se tourne alors vers cet homme, son père,
dont il ne connaît encore que son coté « maternant» pour s’identifier à lui et rencontrer son identification de genre et donc sociale.
C’est la présence active du père qui va permettre à l’enfant et à la maman de distancier leur corps l’un de l’autre. Si le père est éducativement et affectivement présent, (valoriser, conduire, élever) même si ce n’est pas au quotidien, l’enfant pourra vivre la distance maternelle nécessaire à son autonomie présente et future et mieux vivre la séparation de ce stade oral et de toutes les succions qui y sont rattachées.
Dans la période d’âge que nous venons de voir, période infra verbale, l’enfant n’a aucun moyen d’expression autre que son corps. Afin de décrypter au mieux ce qu’il traverse et ce qu’il ressent, l’entourage devra alors être vigilant sur tous ses besoins de succion.
Il doit y être observé tous les comportements du petit vers le plaisir des échanges, du toucher, du sommeil, de la nourriture et du baiser, car c’est la notion de plaisir qui, tout petit, donne conscience de la vie à l’enfant et va doucement se substituer au besoin de succion sécuritaire.
L’enfant devrait être TOTALEMENT séparé de la succion non nutritive avant son entrée dans la collectivité scolaire à trois ans.
Si dans ce créneau d’âge psychique, l’enfant n’accède pas à la compétence de la séparation du corps maternel et que la succion lui est retirée trop brutalement, les traces originaires de manque (naissance), pourront faire place à la violence, à l’autorité excessive et au manque de confiance en soi. Mais surtout, le besoin de succion pourra se reporter sur autre chose. (nervosité, pleurs, propreté, sommeil, tics…)
C’est aussi l’âge des premiers cauchemars et d’une réelle « conscience/souvenirs » pour l’enfant : il va chaque nuit commencer à revisiter ses expériences vécues le jour et la succion sécurité peut être nécessaire et conservée pour la nuit ou l’endormissement.
Les impacts psychiques (lieux et rythme de vie, collectivité précoce, séparation du couple parental, problèmes de nutrition, de sommeil), mais aussi les impacts physiques (prématurité, disharmonie crânienne, disfonctionnement ostéopathique), seront des facteurs à réfléchir très attentivement et à prendre en compte dans les demandes d’arrêt de succion par les professionnels de santé ou d’éducation.
Entre deux et trois ans, si l’enfant n’est pas séparé le jour de son objet « sucette », je vous invite à proposer une Consultation/Accueil/Observation thérapeutique. Elle sera une véritable prévention.
Le thérapeute doit proposer des outils thérapeutiques dans lesquels l’observation du corps et des interactions entre l’enfant et ses parents, entre l’enfant et le thérapeute, permettent un champ d’observations précises sur le développement affectif du tout petit.
Le thérapeute devrait s’assurer de la compétence de l’enfant accueilli en consultation, à la locomotion, au sommeil, au début de la propreté, à la nourriture, au langage et à l’expression. Tous troubles de ces fonctionnalités doivent être très sérieusement pris en considération, car ils ont très vite un impact sur le bon développement physique, affectif et donc relationnel de l’enfant.
Ce temps de rencontre avec l’enfant ne sera pas du temps perdu, car il va ouvrir à un processus de soin associant l’enfant et le thérapeute dans une forme d’alliance qui reconnaît et verbalise parfaitement les besoins de l’enfant. De plus, ces temps de rencontre pourront donner de nouveaux outils éducatifs aux parents.
Pour l’arrêt de la tétine, pas de vol par le Père Noel !
L’enfant est intelligent et coopératif même très petit. Mais n’oublions pas l’immense besoin de sécurité du petit enfant. Proposer l’arrêt de la succion ou sa diminution, ne pourra se faire que dans une grande confiance avec le thérapeute, mais aussi avec les parents, mère et/ou père.
Bien sûr, dans certaines situations cliniques maternelles, (une séparation mère/enfant ) il faudra rester vigilant au retour de l’enfant vers le lien maternel et sur la succion nécessaire laissée à l’enfant.
Le père peut avoir une grande compétence à l’enveloppement affectif, mais sa place sécuritaire n’est pas, à cet âge, aussi primordiale que celle de la mère, dans la construction des mémoires affectives de l’enfant, encore très proche de sa vie fœtale.
Toutefois, si la succion de dépendance est laissée sans limites à l’enfant et sans qu’il n’y ait de réels besoins psychiques, ostéopathiques ou fonctionnels, son autonomie affective sera affectée et l’apprentissage de la propreté ne pourra s’acquérir de façon pérenne. De plus, l’enfant ne pourra accéder correctement au langage verbal, souhaitant d’autant plus devant la difficulté, rester «petit».